dimanche 4 mars 2018

Petit bilan

Petit bilan de notre traversée du Bénin :

Des centaines de kilomètres de pistes, et un peu moins de route,
mais parfois à cause du sable, on a frôlé la déroute!
De drôles de raccourcis mais jamais de demi-tour ;
des ananas et des mangues avalés chaque jour ;



et même les 4 meilleurs sorbets de notre vie
offerts le dernier soir par Louis!
Plusieurs centaines de litres d'eau
et sur les vélos, plein de kilos.

2 petits coups de soleil,
et sans arrêt, des coups de klaxon plein les oreilles...
Des milliers de sourires... et une dizaine de souris!
Et de drôles de bruits même la nuit.

38 degrés à l'ombre, quelques énormes orages,
mais heureusement pas mal de puits et de villages.
Beaucoup de gens écoutés et pas un seul pépin,
une confiance constante et pas un seul larcin.



Un centre médical, un hôpital militaire et deux rapides guérisons,
zéro crevaison!
Des centaines d'animaux sauvages,
des animaux domestiques partout sous les ombrages.



En pleine nuit des cocoricos,
en plein soleil des porteuses d'eau ;
des dizaines de parties de cartes jusqu'à l'heure du thé,
et autant de Béninois initiés!



Bref, ce voyage, on l'a tous aimé,
Mais ce fut fort, on en revient changés.
Nous deux, parents, avons trouvé ce voyage acrobatique,
et surtout, surtout, nos 2 filles héroïques!



samedi 3 mars 2018

Pas de soucis

Coucou tout le monde!

Petit mot juste pour vous rassurer : on n'est pas encore à Ouagadougou. Et même si on pense très fort aux familles des victimes, pour notre part ça va. Très bien même!

Compte tenu des circonstances, on a décidé d'attendre le dernier moment pour quitter le Bénin.
Coup de chance, nous avons fait la connaissance avant-hier d'un Béninois-Suisse qui peut nous amener lundi à l'aéroport! Ouf, cela nous épargne un minibus scabreux et tous les aléas qui vont avec!! Plus une station prolongée à Ouaga.

Pour faire patienter les filles ici, on a trouvé une piscine, où nous passons pas mal de temps. Dans l'Atakora (la seule montagne du Bénin!) : c'est la piscine la plus haute du pays!



Nos pensées émues vont à Jean-Noël et sa famille, pour leur garçon disparu : on vous envoie toute notre affection.

Pour vous autres, on vous espère en pleine forme, comme nous.
Météfou, métékouyou? Kolokolopani!



vendredi 2 mars 2018

Rapha : les animaux

Coucou tout le monde, c'est Rapha!

Ici, tout le monde va bien, enfin presque, maman est un peu malade mais elle s'en est bien sortie...
Bref, maintenant que vous avez rencontré avec Margot les animaux de la Pendjari, j'aimerais vous parler des autres.



Par exemple, la chèvre, qui rôde partout, à droite, à gauche, devant, derrière, et parfois au-dessus : c'est lorsque les gens les portent dans de grands paniers sur leur tête! Ça les fait bêler!! On n'a jamais fait 500 mètres sans voir une chèvre, inconscientes du danger, elles traversent tranquillement, et les motos, les zems, les voitures et parfois même les bus leurs cèdent le passage!!! Mais rassurez-vous, nous n'en avons encore jamais vu écrasées!



Après, on voit beaucoup de cochons, qui comme les chèvres passent sur les routes. Mais eux sont plus gourmands, ils mangent tout ce qu'ils trouvent (même les déchets, mais ça ne les rend pas malades d'après ce que j'ai pu voir!).

On trouve aussi des chats, qui semblent avoir la belle vie, et des chiens.

Il y a aussi d'autres animaux moins sympathiques. Comme les vipères, d'ailleurs, j'ai une anecdote à vous raconter : mon ami Fatao a un jour vu 2 vipères se battre, l'une d'elles s'est fait mordre et est tombée comme morte, mais l'autre vipère (qui l'avait mordue) est allée chercher des plantes et l'a soignée (incroyable, non?)

Dans la même famille des reptiles, ceux qu'on voit partout sont les margouillats : ce sont des gentils et jolis lézards, avec un dégradé de bleu foncé à orange.



J'adore aussi les oiseaux ici. On les entend chanter depuis avant le lever du jour jusqu'à la nuit! Mes préférés sont les soui-mangas, ce sont les cousins des colibris d'Amériques du Sud!

Bien sûr aussi ici il y a des pintades et des poules en pagaille. Leurs poussins se font souvent teinter en rose fluo, ou en bleu, ou en vert, peut-être pour les reconnaître, mais surtout pour qu'ils ne se fassent pas manger par les serpents, nous on trouve ça drôle, on dirait carnaval! 

Sinon, il y a plein de chauves-souris, même des diurnes! C'est peut-être pour cela qu'on ne souffre pas trop des moustiques! Et vous savez de quelle couleur sont leurs crottes? Elles sont bleu vif!!

Gros bisous et à bientôt!


jeudi 1 mars 2018

Margot: le safari


Nasuba à tous!


Comment allez-vous ? Pour nous, tout va pour le mieux : on a visité le parc de la Pendjari en safari ! Mais bon, reprenons depuis Natitingou où nous sommes arrivés vendredi pendant la nuit après 10 heures (+ une crevaison et une arrestation par la police) de minibus sur des banquettes inconfortables, sur une route trouée comme un gruyère. Mais ça, c’est une autre histoire…

Toujours est-il qu’on est arrivés (repoussants) dans un hôtel où, après une assiette de pâtes et une douche chaude, on a enfin pu dormir (comme des loirs). Samedi, nous sommes partis pour une journée de visites dans la ville. Et c’est dimanche qu’enfin, on est partis (à 7h, quand même) en 4*4 sur une route (bien grand mot) en direction du parc national. En effet, la voie était couverte de trous que Koffi (notre chauffeur) a savamment évités.

On a enfin atteint (sains et saufs) le parc de la Pendjari où on a démarré le safari, aux aguets. Et, à force de chercher, on a enfin pu voir notre premier animal : une pintade (oui, nous aussi, on était déçus). Heureusement, un peu plus loin on a croisé une bande de babouins et là on était super contents ! Cet animal, plutôt comique, semble se donner des airs de grand sage (parfois sans succès!).




On a ensuite vu des antilopes et des hippotrages (pour faire simple, c’est des chevaux avec des cornes). Très élégantes, avec leurs museaux allongés et leurs grandes oreilles, elles nous ont fait penser aux vigognes d’Amérique du Sud.


Puis, après un déjeuner rapide, on est repartis, mais sur le toit, cette fois. On était installés sur une banquette placée sur la voiture ; et ça change tout : on pouvait voir bien plus loin et avoir une vue plongeante sur les herbes hautes. Aussi, pour prévenir Koffi si l’on voyait un animal qui aurait échappé à ses yeux de lynx, on donnait un léger coup de pied sur le toit de la voiture. Notre guide nous a conduits jusqu’à une mare de laquelle il est possible de voir les animaux s’abreuver. On a donc vu quelques antilopes boire mais surtout, on a vu notre premier hippopotame (on aurait plutôt dit un gros caillou qui servait de perchoir à un héron).



Il y avait aussi quelques crocodiles (brrr !), on les voyait, nageant paisiblement, puis, d’un 

coup, disparaître de la surface de l’eau pour ressortir quelques mètres plus loin. Agréable, non ? On a repris notre visite pour aller observer d’autres mares, dans lesquelles on a surpris quelques phacochères, et un groupe d’éléphants. Mais c’est dommage car on était trop loin pour bien voir ces derniers (même avec les jumelles).

                                   (ce buffle avait 2 oiseaux sur son dos qui semblaient l'énerver)

Le soir, après une rencontre avec un immense troupeau de buffles, on a campé avec Corine, Aaron (un couple d’Américains venus enseigner l’anglais au Bénin) et Kounta (leur guide qui a veillé sur nous toute la nuit auprès d’un feu pour éloigner les lions, hippopotames ou autres animaux potentiellement dangereux).



Au dîner, on a tous mangé ensemble des spaghettis au poisson pendant que les hippopotames semblaient bien s’amuser dans l’eau… juste à nos pieds !! Et on a même entendu des buffles et des rugissements de lions.

Le lendemain, réveil avant le lever du jour pour avoir une chance de voir le célèbre et terrible lion. Les hippopotames ont encore fait un vacarme pas possible et Kounta nous a informé que ces pachydermes sortent de l’eau pour la nuit et, au matin sautent dans la mare pour avoir moins chaud. En même temps, je les comprends : il fait parfois 38 degrés dans la journée (à ces moments-là, je les aurais volontiers rejoints) ! On a ensuite fait la rencontre (agréable) de deux scorpions qui avaient passé la nuit bien au chaud sous nos tentes ; alors, pour le reste de la journée, on a levé les pieds en marchant !


Ensuite, on est repartis à l’aventure en quête de lion et on a vu une autre mare où un troupeau d’hippopotames se prélassait tranquillement (les petits barbotaient et semblaient déranger les plus âgés).


Et puis, le moment est venu d’entamer le chemin du retour (sans s’arrêter, pour respecter l’heure de sortie)… jusqu’au moment où un éléphant de 4 mètres de haut nous a barré la route ! Notre chauffeur à qui rien n’échappe pourtant ne l’a pas tout de suite vu. Heureusement, on a tellement frappé le toit de la voiture, qu’on l’a finalement senti piler, faire déraper la voiture puis reculer rapidement pour rester à distance respectable du pachyderme en colère. Celui-ci faisait de grands mouvements avec ses oreilles pour nous témoigner son agacement. Il s’est décalé pour feindre de s’intéresser à une touffe d’herbes sèches.



Lorsque notre 4*4 l’a dépassé en trombe, il a fait volte-face et a commencé à charger la malheureuse voiture qui ne devait à tout prix pas caler ! Enfin, l’éléphant s’est arrêté et on a quitté le parc rapidement. Tant pis pour le lion. On a quand même fait un arrêt près d’une adorable famille d’éléphants (on sentait Koffi tendu !).


A la sortie du parc, encore secoués par la montée d’adrénaline, on a choisi de faire une halte aux cascades de Tanougou. Après une bonne baignade et un pique-nique équilibré (pain sec + thon + mayonnaise), ça allait déjà mieux !!! De retour à l’hôtel, on nous a informés que l’éléphant dont nous avions fait l’heureuse rencontre quelques heures plus tôt, avait été agressé par des braconniers et gardait une rancune acérée envers les hommes. Ainsi, il s’en est pris à nous en pensant que nous étions potentiellement dangereux. Voilà, voilà, on n’a peut-être pas vu le célèbre lion, mais on est vraiment super contents et cette expérience restera inoubliable pour nous !



Aki suba ! Bisous à tous !


Margot

samedi 24 février 2018

BOHICON, SENS... et petites pensées pour les esclaves

Coucou tout le monde,

Comment allez-vous ?
Pour nous, tout va bien. Nous avons eu la chance d’échapper à un orage diluvien, puis à une route dramatiquement dangereuse, et nous nous targuons une fois de plus d’être de sacrés veinards !! :

Nous vous avions laissés à l’orphelinat de Dogbo, que nous avons quitté lundi très tôt, après les très émouvantes salutations des enfants sans famille que nous laissions là ; certains nous ont écrit des lettres touchantes pour que nous nous souvenions d’eux… mais comment pourrions-nous oublier ces petits bouts d’hommes et de femmes grandis trop vite ?


Bref, méditations sur nos vélos en avalant les kms… Il faut dire aussi qu’à partir de Dogbo, nous avons quitté les pistes de latérite rouge pour de vraies routes bitumées. Et, même avec nos vélos à pneus crantés, ça change tout ! C’est ainsi que lundi soir, après 75 kms, nous sommes déjà parvenus à Bohicon, que nous ne pensions rejoindre que mardi matin. Bien nous en a pris !


 Car à Bohicon nous attendait l’adorable Kémi, responsable d’une organisation épatante, SENS, dont nous allons vous reparler ; mais aussi… une maison ! une vraie ! avec des lits, des douches, et un toit costaud !! Parce que son propriétaire, Jacques, lui-aussi l’un des responsables de SENS, est en France en ce moment : il nous a donc très gentiment laissé sa maison ! Et heureusement ! Car dans la nuit a tout-à-coup éclaté un orage magistral, et pluie diluvienne et vents forts ont ravagé Bohicon, contre toute attente en cette saison sèche ! Merci Jacques, notre « Saint-Jacques-de-Bohicon » !!
Au programme du mardi, visite de SENS : « Solidarité Entreprises Nord-Sud », dont nous avions entendu parler grâce à l’entreprise de Nico (Nutrition et Santé), qui en est partenaire.

Alors là, il faut qu'on vous raconte :
Cette organisation propose aux entreprises locales, pour beaucoup des « entreprises familiales » (juste la mère ou les mères d’une famille) des prestations de services : des cours de gestion aux cours de pratique pour améliorer leurs techniques, l'équipe leur enseigne tout bonnement comment faire fructifier leur savoir-faire. Pas facile de leur apprendre les notions de dépenses, chiffre d'affaires, car ces "nouveaux entrepreneurs" ne savent souvent pas bien compter (on est dans un pays où le taux d'alphabétisation, en constante hausse depuis les années 1960, ne dépasse tout de même pas 60% de la population ; et le milieu rural, et justement les femmes sont à ce titre moins bien lotis ...). 
En plus, Kémi tient à ce que chaque membre de la filière s'inscrive dans une démarche écologique : l’utilisation de produits locaux de qualité, la gestion des déchets (le Bénin est magnifique, mais... près des routes et des villes tout parsemé de sacs plastiques!!!) , un circuit de vente de proximité sont les priorités de SENS. 
Kémi et son équipe travaillent essentiellement sur la filière soja : le soja pousse en effet facilement, mais pâtit de son image ici de « viande du pauvre »! dans un pays où pourtant beaucoup souffrent encore de malnutrition! c'est trop dommage : le tofu (« fromage » de soja) a des vertus tant économiques (c’est pas cher), que nutritionnelles (c’est très riche en protéines) ! Mais bon, c'est vrai que le tofu a besoin d'être bien préparé pour être, sinon savoureux, du moins agréable à manger, n'est-ce pas? Et c'est là que Percy intervient ! 





A SENS-Bohicon, elle élabore des recettes délicieuses, afin de redorer l’image du tofu (on a goûté, on a a-do-ré ! Des samoussas farcis aux légumes aux crèmes fouettées au citron, en passant par les mini-pizzas et les brochettes, les recettes qu’elle prépare à base de tofu sont succulentes ! Finalement... un peu comme la branche R et D de Nutrition et Nature Revel!!!)




C’est ainsi que nous avons rendu visite le matin à une « préparatrice » de tofu : 


Pascaline reçoit le soja de l’un des producteur du réseau SENS, l'écrase dans un moulin qu'elle a pu acheter grâce aux conseils... et prix négociés par l'organisation (parce qu'avant, il lui fallait transporter les graines à 2 kms, un plat sur sa tête, et attendre un tour qui parfois ne venait pas!!! Forcément, c'est vite dissuasif!!) ; elle le transforme tous les matins, dans sa marmite au feu de bois, en pains de « fromage » (tofu) ; elle prépare ainsi 5 kgs de soja par jour, bien régulièrement. Puis les "fromages" sont recueillis par un jeune en insertion, à qui SENS confie une bicyclette-glacière. Et lui les apporte aux restauratrices ou cantinières qui ont été formées par Percy à élaborer les recettes. 
Et le tour est joué ! C'est génial, non?? Des petites entreprises individuelles ou familiales qui se réunissent pour former une vraie chaîne à l'échelle locale! Des petits maillons comme celui-ci forment des "essors" d'une vingtaine de personnes ; et pour l'instant, les essors sont au nombre de 6 autour de Bohicon.  Les témoignages montrent  la satisfaction des protagonistes, tout le monde gagne mieux sa vie, et le produit fini se hausse en qualité. Hormis les dérivés du soja, SENS travaille aussi à la valorisation d’autres produits locaux (miel, plantes thérapeutiques, savons…), mais toujours en s’inscrivant dans une démarche solidaire et écologique. Un label a même été déposé : "b'est", pour Bénin-entreprendre solidaire avec son territoire : chouette, non? Et le site de Bohicon est le troisième à voir le jour, après celui de Dassa, plus au nord, et celui de Parakou, encore plus au nord… 
Bravo Kémi pour ta démarche, ton implication, et la solidité de ton équipe (tous des gens très compétents, des ingénieurs agronomes, en finances et économie sur le terrain, aux gestionnaires et distributeurs, en passant par les spécialistes de l'information, tant au sein des filières que de l'image des produits) : cette organisation inspire confiance!
Et surtout, merci Kémi pour les bons moments passés avec toi et ta famille! Nous avons tous les 4 adoré vous rencontrer!  



Nous avons aussi profité de notre passage à Bohicon pour visiter, emmenés par un guide-historien formidable, Théo, le musée des palais des rois d’Abomey ; puis le site archéologique des « abris souterrains », refuges des guerriers d’Abomey qui s’y dissimulaient pour surprendre les tribus adverses. Petite page poignante de l’Histoire béninoise, où l’on discerne ce peuple fier, à la politique conquérante, et finalement étouffé par les Blancs à la fin du 19e siècle (le Roi Behanzin a été déporté… et empêché de se défendre sous Sadi Carnot...). Petit rappel historique aussi sur la pratique de l'esclavage : les ethnies, qui aujourd'hui encore s'étalent sur plusieurs pays d'Ouest en Est, menaient depuis l'Antiquité des combats de territoires. Parmi les prisonniers, on gardait pour soi ceux qui possédaient un savoir-faire (c'est comme ça semble-t-il que se sont répandues les pratiques vaudoues en Afrique de l'Ouest... mais ça, il faudra qu'on vous en reparle!) ; on "utilisait" aussi des "ouvriers" choisis parmi les plus forts, et les autres, ben... on les vendait! A l'Antiquité, on sait que certains avaient été exploités par les Pharaons d'Egypte (je vous laisse calculer les kms parcourus enchaînés dans le désert...). Mais à partir du 17e siècle, c'était bien plus simple, puisque les Blancs venaient en grand nombre se servir en bateau, notamment à Ouidah! Mais ça, tout le monde connaît bien, c'est le commerce triangulaire : on a besoin de main d'oeuvre dans le Nouveau Monde, et les populations locales, ben... ont été largement décimées! de la Louisiane au Brésil, on débarque donc les esclaves africains. Avec la bénédiction de l'Eglise! et celle, il faut bien le dire, des rois africains, qui eux-même participent à la chasse aux esclaves.
On estime aujourd'hui à plus de 15 millions le nombre de femmes et d'hommes ainsi déportés ; sans compter tous ceux qui ne "passaient pas les tests" de résistance qu'on leur infligeait avant la grande traversée! ni ceux qui, trop faibles, ne trouvaient pas acquéreurs, alors couic... Ni enfin ceux, surentassés dans les bateaux, qui se blessaient ou tombaient malades, et... qu'on utilisait pour servir d'appât aux cauris, ces petits coquillages blancs, monnaie d'échange avec les Africains...
Re- méditations sur nos vélos...

En fait de vélos, avouons-le, nous avons eu la chance de passer une bonne partie de la journée emmenés par Isambert, le chauffeur de Kémi (après les fortes pluies, les pistes détrempées auraient mis à mal nos malheureux vélos…). Pauvre Isambert, au début on s'était trompés : on l'appelait "Isangrain"!! Donc Isambert, de son côté, nous a formellement déconseillé d’emprunter nos habituelles montures pour gagner Dassa, comme nous l'avions prévu, arguant que ce tronçon de route est dangereux ; il s’est chargé de nous trouver une voiture avec chauffeur pour nous emmener mercredi. Et là, on a bien ri ! Parce que la route entre Bohicon et Dassa, c’est un doux euphémisme de dire qu’elle est "dangereuse" !


 Elle est en fait un cimetière pour voitures et camions !!! Leurs carcasses gisent un peu partout, anciennes quand il n'y a plus rien à en tirer, carbonisées parfois, entre les poids-lourds en panne, voire retournés! (créant de gigantesques bouchons !). Notre super-chauffeur a serpenté savamment entre les trous et les véhicules arrêtés, voire celui juste devant nous dont un pneu a tout-à-coup éclaté!!!
La mythique 505, reine du bitume et des pistes ici !!! Petite dédicace pour Palain!!


Et… nous nous sommes imaginés, frêles et lentes silhouettes rase-mottes, disputant le peu de terrain carrossable aux titans klaxonnant !! on l’a échappé belle : merci à notre "saint-Isambert-de-Bohicon" !!!!

Désolé, article diffusé avec 3 jours de retard !!
Nous sommes arrivés à Natitingou. La suite au prochain épisode.
Bises à tous.

PS : L'esclavage, ben... ça existe quand même encore un peu... Ici, la culture veut que le plus jeune sert le plus âgé ; les enfants, donc, font beaucoup. Dans les campagnes, c'est pour ça qu'ils ont du mal à aller à l'école (pourtant, notez bien, c'est pratique pour les parents, les enseignants sont très souvent en grève! Forcément, ils ne sont pas payés!!!)  Il n'empêche que les petites filles sont souvent astreintes à la corvée de l'eau : elles partent au puits, parfois distant de plusieurs kms, et reviennent avec souvent des bacs de 10 ou 15, voire 20 litres sur la tête... Plusieurs fois par jour...

Et les bassines sont pleines d'eau !!!


 Et que dire de la vente d'enfants, pratiquée semble-t-il assez régulièrement : une famille vend un enfant (entre 10000 et 20000 FCFA : 15 à 22 euros!!! si si!!) à une autre famille, pour soi-disant lui donner un accès à l'éducation. Cela ne trompe personne : les enfants passent même parfois des frontières! Et l'enfant acheté est destiné aux corvées de la famille, voire pire...
Dans le même ordre d'idée, nous nous demandions si le rasage des jeunes filles en âge d'aller au collège ou au lycée était un effet de mode... Ben en fait non! Il paraît que sinon, les professeurs y voient une marque aguichante! Et, quoiqu'il en soit, elles déclarent elles-même avoir du mal à refuser leurs avances, de peur d'être discriminées... et évincées des examens! Horrible, non?
Peu de femmes se rendent aussi dans les hôpitaux : elles craignent parfois de n'y être pas respectées, en particulier les jeunes filles.
Enfin, cela les incite à se soigner et à soigner leurs familles avec les plantes! Un palu, une fièvre, des boutons, allez hop! une tisane et ça repart!!!

Et vous voulez savoir? Margot, en ville, trouve beaucoup d'acquéreurs... Bon, rassurez-vous, elle n'est pas à vendre, pas achetable, et rigoureusement escortée par son papa!!!
Sérieusement, on ne se sent jamais en insécurité ici, les gens sont juste adorables... plus avec les yovo (Blancs) qu'entre eux!!!

Enfin... re-re-méditations!



dimanche 18 février 2018

Raphaëlle : les couturières

Coucou tout le monde !
C'est Raphaëlle.
J'espère que vous ça va ; nous on va super bien !!!

Je vais vous parler des couturières. Parce qu'ici, il n'y a pas de magasins de vêtements, mais des couturières et des tissus sur les marchés.

Les tissus sont très beaux, plein de motifs, si vous n'aimez pas la couleur ne venez pas en Afrique!

Quand vous avez choisi votre étoffe, vous pouvez aller voir une couturière (il y a aussi quelques couturiers). C'est un métier très répandu. Beaucoup de femmes ici qui n'ont pas de diplôme deviennent couturières, c'est un bon moyen de gagner sa vie. Ici par exemple, à l'orphelinat, les filles apprennent toutes la couture dès leur plus jeune âge.



Les machines à coudre ne sont pas électriques, elles fonctionnent avec une sorte de pédale que l'on balance avec les pieds pour faire tourner la machine. Ce n'est pas si difficile j'ai essayé! Et puis ça me rappelle le vélo!


Avec Margot, on a choisi des tissus super jolis à Ouidah. Un couturier est venu prendre nos mesures, et nous on s'était trompées parce qu'on croyait qu'une robe s'appelait un "bomba" en Fon.
Mais quand Margot a vu que le monsieur nous mesurait les chevilles, on a bien ri, parce qu'un "bomba"c'est un costume traditionnel d'hommes!!!
Finalement il nous a bien fait des robes! Elles sont super bien finies, doublées, avec de jolies manches et une fermeture éclair cachées.

Aujourd'hui, c'est dimanche, et alors on en profite avec Margot pour porter nos belles robes!

A bientôt tout le monde, gros bisous.

Une réussite à Dogbo, l'Orphelido!

Bonjour bonjour!

On vous espère tous en grande forme, comme nous!
Nous vous avons quittés à Tokpa Domé ; nous en sommes repartis jeudi... en barque! Eh oui : les vélos et toutes leurs sacoches avec nous sur un bateau cahotant, pour nous emmener sur l'autre rive du Lac Ahémé, à Possotomé (ville célèbre ici pour son eau thermale ; car contre toute attente, ici au Bénin, en tout cas au Sud, on trouve de l'eau facilement dans les sous-sols : il y a un peu partout des puits publics, quelle aubaine pour nous!)
Bref, encore 2 jours de vélo en pleine brousse, nous ravitaillant sur des marchés hauts en couleurs (à tous les sens du terme!), mangeant des plats bien épicés, faisant de larges haltes entre midi et 16h, faute de courage sous la chaleur (imaginez : Nico a même troqué ses vieilles chaussures pour des sandales!! si si!! C'est dire.)

Et nous voici à Dogbo. Alors Dogbo, il faut qu'on vous explique : c'est la ville natale d'un médecin des Salvages, à côté de Castres, Albert Hounou! Nous avons fait sa connaissance en France par un heureux concours de circonstance. Et lui revient dans son pays 3 ou 4 fois par an, et y a fondé un orphelinat ; on ne pouvait pas manquer ça!!

Orphelido accueille 14 garçons et 10 filles, de 6 (? ils ne sont pas sûrs!) ans au baccalauréat, qui vivent ici comme une grande famille. Et c'est ça qui nous émeut : sur le plan économique, certes, mais surtout humainement, ça fonctionne! Les grands s'occupent des petits (qui parfois arrivent là tous jeunes) ; chacun est autonome pour la préparation des repas, le ménage, la lessive ; ils pourvoient à toutes les tâches collectives à tour de rôle, par équipe. Antoine y est animateur, il aide les enfants dans leurs devoirs et leur propose un soutien scolaire (en plus de l'école ou du collège qui les reçoit d'habitude dans la journée... sauf en ce moment : il y a un mouvement de grève des enseignants! allez, ça arrive dans des pays très bien!!). Eloi, lui, se charge des relations avec l'extérieur (recherche de fonds entre autres). Et le directeur, Dieudonné, n'est autre que l'un des premiers hôtes de l'orphelinat! Après son baccalauréat, il a pu passer un master en ressources humaines, avant de revenir ici. Un bel exemple pour ses cadets, et un vraiment chic bonhomme, posé, serein, et éminemment sympathique.




Et vous savez quoi? Parrainer l'un de ces jeunes ne coûte que... 20 euros par an! Avis aux amateurs!!
(Contacter Albert Hounou des Salvages, ou Orphelido)

Allez, gros bisous à vous tous ; nous pensons bien fort à vous, en particulier aux enfants à qui nous souhaitons de très bonnes vacances!

PS : Petit débat philosophique : 
Hier matin, nous sommes allés rendre visite à une classe de Terminales du collège voisin. Et là, les futurs bacheliers (ils sont âgés de 18 à 30 ans environ), nous ont interrogés sur la vie en France. Ici, aussi, les enfants nous posent plein de questions. Et ce qui ressort toujours, c'est leur attirance pour notre "confort matériel", voire, pour certains, pour les clubs de foot!! Mais... ils sont aussi conscients que le rythme occidental modifie les codes de rapports humains. Ici, on n'est pas trop à cheval sur les horaires, on a le temps! Mais chez nous, pas de temps pour les palabres ; et pas de confiance en tout le monde, pas de porte ouverte à tout le monde. 
Alors, c'est quoi le bon compromis?